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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 00:08

C’est Aimé Césaire qui écrivait : « Ce que le très chrétien bourgeois du XXème siècle  ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc (…) d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique ».


     Aujourd’hui, si le colonialisme, dans la forme où il avait prévalu avant les indépendances, n’existe plus, il est à retrouver sous d’autres aspects dans ce refus d’y voir le crime que, foncièrement, il fut.


     Le souffle épique de La Légende des Siècles, donne à voir ces longs cortèges de femmes et d’hommes, suppliciés, dans la fumée de l’histoire, dans la maculation des consciences, parmi elles nous y découvrons, ces hommes tués, massacrés, humiliés, par d’autres hommes venus d’ailleurs, pour « coloniser, exterminer ». 


     Que dire à ces innombrables victimes ? Que leur supplice se doit être tu ? Que le décrire est une « entreprise idéologique frauduleuse » ? Qu’en fait  toutes les victimes d’un conflit se valent par delà les responsabilités historiques qui démontrent bien qui, de deux pays fut l’agresseur et l’occupant de l’autre ? Qu’on ne doit plus parler de justice, les traités, les marchés, le temps qui passe et ce qui s’y passe, en faisant office ou, plutôt, abstraction ?


      Le colonialisme, dans sa nature destructive, aliénante et inhumaine, fut-il une abstraction ? Pour qu’aujourd’hui, on puisse en évoquer les pages heureuses, celles là même qui si elles ont eut à exister, en sont la négation car du fait d’individualités ou d’incidences bien involontaires d’un système visant à asseoir la domination d’une puissance étrangère sur un pays occupé et une société spoliée.


      Le colonialisme implique une responsabilité imprescriptible car éthique et rattachée à ces entités "trans-générationnelles" que sont les nations.

 

          D’autant que ces nations qui furent colonialistes font du continuum historique un de leurs vecteurs constitutifs. A cet égard, l’identité historique et la continuité de l’Etat peuvent constituer une présomption irréfragable, que les nations d’« hier » sont toujours celles d’ « aujourd’hui », au-delà des systèmes politiques, au-delà des générations.

 

     Si le colonialisme est expliqué par l’histoire, par l’économie et par l’idéologie, ces démarches n’en demeurent pas moins insuffisantes pour l’appréhender comme abomination, comme l’indignité faite par des hommes à d’autres hommes.

 

        Il s’agit moins aujourd’hui, pour les pays qui furent colonisés, de demander réparation morale, ou symboliquement financière, comme vient de l’obtenir la Libye de l’Italie, que de faire en sorte de recouvrer pacifiquement une dignité offensée et qu’universellement soit abhorrée cette abomination que fut le colonialisme, par ces nations mêmes qui l’ont instauré, peut-on se prévaloir de prescription en l’occurrence ?


      Nier ses responsabilités serait dans ce cas renier son histoire et compromettre son présent, non point en termes d’accessoires intérêts, il est des sujets dont l’essence transcende la petitesse de ces derniers, mais en termes de valeurs et d’absolu.

 

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