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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 18:44

Le 29 juin 1900, naissait Antoine de Saint-Exupéry. Pilote, journaliste, écrivain et résistant. Humaniste convaincu, âme généreuse et esprit brillant.


Il est l’auteur d’une œuvre littéraire, au sens le plus complexe en termes de beauté et de portée, incontournable pour tout « honnête homme » de notre « entre deux siècles ».

 

Notre génération eut à le découvrir de prime abord, lorsque écoliers, nous ouvrîmes nos yeux au Petit prince, dont quelques extraits figuraient sur les manuels scolaires de langue française. C’est ainsi que notre imaginaire enfantin rencontra la figure, attachante d’innocence et de perspicacité du Petit prince et fit connaissance de la rose et du renard.


Ce fut bien « une onde bienfaisante », comme se plaît à décrire les lectures d’enfance Saint-Exupéry lui-même. Une onde vive que nous partageons avec les millions d’autres enfants de par le monde et les cultures que furent et que demeurent, parfois, les adultes d’aujourd’hui.

 

Peu de temps après, Saint-Exupéry revenait au-devant de nos pupitres de collège, avec un beau passage de Terre des hommes, dont la proximité de la scène du bédouin venant en aide au pilote assoiffé dans le désert n’en soulignait que plus, pour nous, la fraternité d’une œuvre. Plus tard, hors des établissements scolaires, nous commencions à lire Courrier sud, Vol de nuit et Pilote de guerre. Autant de romans où l’action se conjuguait à la réflexion.


Nous y retrouvions de nous-mêmes, de notre jeunesse, cette question lancinante de savoir qu’est-ce vivre ? Qu’est-ce être un homme ? Quel sens donner à son existence ?

Et Gide, dans la préface de Vol de nuit, de nous répondre : « Je sais gré à l’auteur (Saint-Exupéry) d’éclairer cette vérité paradoxale, pour moi d’une importance psychologique considérable : que le bonheur de l’homme n’est pas dans la liberté, mais dans l’acceptation d’un devoir. Chacun des personnages de ce livre est ardemment, totalement dévoué à ce qu’il doit faire, à cette tâche périlleuse dans le seul accomplissement de laquelle il trouvera le repos du bonheur. »

Sans doute, pour nous, Vol de nuit, fut une œuvre marquante, non pas pour ses qualités littéraires, mais pour l’influence qu’elle exerce à forger un caractère et à asseoir des qualités pour mériter de sa nature et de ses semblables.


Enfin, Citadelle, œuvre maîtresse d’une spiritualité poétique, ode à la foi de chacun, malgré ses racines chrétiennes. Force et équilibre de la création, sens et portée du destin des hommes, portent les mots, les élèvent au plus haut et construisent la Citadelle des cœurs. L’homme de Saint-Exupéry, rompt tant avec les artefacts du surhomme sans cœur, que des clichés de faiblesse et de maniérisme forgés autour de l’homme de cœur.

 

L’homme de Saint-Exupéry est noblesse et vaillance. Il est humaniste. Il est porteur de ces valeurs, qu’aujourd’hui on dévoie, on instrumentalise ou que, le plus souvent, on méprise. L’œuvre de Saint-Exupéry, s’élève contre les enjeux de pouvoir et de domination.

Contre le fait que le « pouvoir » dans une terrible confusion avec l’« être » devienne la seule preuve manifeste de notre existence et peut- être, pour certains, en nos temps incertains, son explication.


Saint-Exupéry, journaliste, signera des reportages sur les pays au centre des enjeux à la veille de la Seconde Guerre mondiale, sur l’URSS en 1935, sur l’Espagne en pleine guerre civile en 1936 et sur l’Allemagne en 1937. Reporter de guerre, observateur d’un pays fermé ou témoin de la montée du nazisme, il demeurera fidèle à ses engagements et aux valeurs humanistes et fera montre d’une lucidité courageuse, bien rare à l’époque. On se souviendra de ses positions en faveur des républicains espagnols, de sa dénonciation des exactions des deux camps, de son rejet du fascisme et du nazisme et de sa critique du stalinisme.

Non, malgré Sartre qui saluait en lui un précurseur démontrant que « le monde et l’homme se révèlent par les entreprises », Saint-Exupéry ne fut pas philosophe, était-ce d’abord son rôle ?

Lui, qui n’a jamais aspiré à asseoir une théorie philosophique, mais bien à une présence au monde, faite de réflexion et d’adhésion à une éthique, qui ne saurait être l’apanage de quiconque et surtout pas de maîtres à penser aux chasses gardées.


Chantre du dépassement de soi, il demeurera cet écrivain droit, généreux et sensible, autant de qualités abhorrées par les cercles qui dénoncent « l’angélisme, la niaiserie et la pensée en rase-mottes », de ce grand écrivain, de ce grand homme, qui fut tout simplement un homme bon. « Egal à sa légende » et à la hauteur de son rêve de « petit prince » parmi les étoiles.

 

Ahmed Benzelikha

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