La virtuosité de Freddie Hubbard se déclinant en puissantes et scintillantes myriades
sonores sur le standard "The night has a thousand eyes"
Dans un fauteuil je m'assieds, je ferme les yeux et écoute.
Un vent léger se lève, les feuilles dans les arbres tressaillent, un cours d'eau murmure et quelques animaux, curieux, s'installent.
Une musique s'élève et la nature prend vie, en nos yeux, nos coeurs et nos esprits, par la grâce de l'art.
Sidney Lumet, qui vient de nous quitter, fut un grand réalisateur, son film le plus fort serait, à mon avis, "Douze hommes en colère", tant par le sujet abordé que par son traitement cinématographique. Extrait, en hommage :
Il y a, aujourd'hui, 50 ans, le 12 avril 1961, l'humanité parvenait à envoyer un des siens dans l'espace.
Youri Gagarine, le Soviétique, restera dans l'histoire et dans les mémoires, comme ce jeune héros souriant, qui aura su défier la nature et les limites assignées, jusqu'à alors , aux habitants de la planète bleue.
A sa femme qui lui demandait, à la veille de son formidable voyage, s'il allait loin ? Il répondra qu'il allait très loin. Il ne croyait pas si bien dire, car il portera plus haut dans le ciel, loin dans l'espace, l'étendard du progrès humain.
Un homme politique français, se piquant de culture raffinée et, plus récemment, de conquêtes féminines posthumes, n'avait pas trouvé mieux que de donner à son animal de compagnie, le nom valeureux d'un grand Algérien, qui, déjà, manifesta la plus vive résistance aux visées colonialistes de son époque.
Le nom en question trouve, justement, son origine dans une expression berbère qui veut dire "surpasser" ou "être au dessus".
Jugurtha en étant au dessus, il est ainsi des faits qui n'exigent aucun commentaire, qui suffisent, par eux-mêmes, à confondre leur auteur.
Le silence du mépris, quant à lui, se chargeant de l'opprobre.
Le silence s’élève et porte au-delà du bruit
Le regard emprunte à la lumière et perce la nuit
Le temps peut bien s’enfuir, il n'est pas d’ici
Au soir des hommes qui ont vécu demain
Les yeux sereins se ferment pour mieux voir
Et devinent l’illumination au plus profond de soi
Tu es si proche...
Mais comment peux-tu être proche ou lointain ?
Tu es tout, partout et nulle part
L’espace et le temps, le cœur et la raison,
Les voies et les horizons, l'origine et le but
Le contenu et le contenant, le primat et l’ultime
Que dire, que penser ?
Tu épuises les mots et les idées
Tu es.
J'ai été à Bordj-El-Kiffan. La petite ville est complètement déstructurée, par le(s) chantier(s)d'installation d'un tramway qui facilitera les déplacements. Tout lieu a une sémantique, celle-ci est bien brouillée pour Bordj-El-Kiffan. C'est aussi une sémantique éclatée. Par pans. A voir les anciens édifices, on devine un mode d'organisation, à travers l'imbrication des rues du centre, la végétation, arbres, plantes grimpantes, pots, qui semblent prolonger les maisons sur les trottoirs. La ville coloniale fut, dit-on, fondée par des Mahonnais. Il est vrai qu'on y retrouve, subrepticement, un peu de l'Espagne. A un moment j'ai aperçu, venant du centre-ville, près de la mosquée qui fait angle, la mer. Un trait bleu. Je ne pouvais y résister. Quelques pas encore, en ce matin frais mais beau. Des escaliers et puis, simplement, le bord de l'eau. A gauche le vieux fort ottoman, au-delà Alger, à gauche une succession de criques, toutes envahies par les constructions. Au loin une barque de pêcheur blanche sur les flots écumeux. Les mouettes tournoient en criant. Le matin est froid, beau mais un peu triste, les vagues meurent aux pieds des rochers gris.