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29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 19:55

 

En 1844 et malgré la promesse faite lors de l’envahissement de 1837 de sauvegarder la ville, les autorités militaires françaises décidèrent de démolir la partie Nord de Constantine, afin d’y construire de nouveaux édifices, plus dignes du chef-lieu colonial qu’était désormais devenue la ville d’Ahmed Bey.

 

Les travaux entamés, pour ce faire, entraînèrent des découvertes archéologiques de première importance. Découvertes qui furent pillées par les colons. Du propre aveu de certains d’entre eux, arrivés contre leur gré en Algérie, au lendemain du coup d’Etat de 1851, lesquels jouissaient, pour la plupart, d’un niveau culturel probant.


 

C’est cette frange de colons, qui décidera alors de fonder une association de sauvegarde des vestiges de Constantine, connue sous le nom de la ‘Société archéologique de Constantine’, (ancêtre de celle, dont présidera aux destinées, après l’Indépendance, Me Bentorcha, distingué membre du Barreau de Constantine et parfait érudit en matière d’histoire).

 

Prisonniers de leur civilisation, ces colons amateurs d’histoire avaient surtout à l’esprit, la préservation des vestiges qui soulignaient la latinité postérieure de l’antique Cirta. Ils participaient en cela du projet colonialiste légitimant la conquête de notre pays, en n’y voyant qu’un ‘juste retour des choses’.

 

C’est sur l’initiative de cette société qu’une demande de création d’un musée fut introduite auprès des autorités. Elle jettera son dévolu sur le lieu, hautement symbolique, du palais du Bey, mais celui-ci étant déjà occupé par l’administration militaire, elle ne put l’obtenir et dut se contenter d’un petit local, sis a l’actuelle rue Souidani, qui abritera le premier noyau du futur musée de Constantine.

 

Ce noyau s’organisera autour de l’acquisition de la collection d’un pharmacien italien établi à Constantine du nom de Lazare Costa, constituée de stèles, de poteries, de céramiques et de verreries anciennes, découvertes dans l’Est algérien, dont certaines se trouvent aujourd'hui encore au musée ... du Louvre.

 

Toutefois, en la matière, Constantine avait accumulé un retard sensible sur d’autres villes algériennes, puisque le musée d’Alger existait depuis 1838, alors que celui de Cherchell avait ouvert ses portes en 1842.

 

Est-il besoin de souligner dans quel but ces musées furent créés ? L’expropriation culturelle coloniale faisait, ainsi, main basse sur la mémoire de l’Algérie, illuminant la période latine, pour mieux plonger dans l’ombre et sous l’opprobre notre véritable histoire.

 

En 1907, le propre fils du premier édile de la ville, en la personne de Gustave Mercier, membre actif et très connu de la société archéologique, put enfin arracher pour la société, un terrain en vue de l’édification d’un musée à la mesure de la métropole qu’était devenue Constantine.

 

Le site du Coudiat fut choisi, d’autant que celui-ci, aménagé sur ordre de NapoléonIII, lors de sa visite en 1863, était réservé aux administrations témoignant de la souveraineté de la France sur celle qu'on avait eu à surnommer "l'Imprenable cité".

 

Même l’espace s’y prêtait, Coudiat étant une butte dominant la ville arabe. Le musée devait aussi surplomber et être visible de n’importe quel endroit du Constantine d’alors. Quand à la façade du musée, exposée au Nord, vers le mer, elle devait souligner la continuité d’une certaine France. Le prétexte historique fut aussi trouvé, puisque sur le terrain même ou le futur musée devait s’élever, furent découverts les vestiges d’une nécropole punique.

 

Ce n’est qu’en 1930, date anniversaire du centenaire de la « présence » française en Algérie, que l’inauguration officielle eut lieu. La même année et à la même occasion, furent aussi inaugurés le musée des Beaux-Arts, à Alger et le musée Maeght, à Oran.

 

Mais le musée de Constantine, baptisé, du nom de son initiateur Gustave Mercier, ne fut ouvert au public que le 15 avril 1931.

 

On était loin de la modeste collection de la rue Sauzai, les premiers visiteurs purent admirer une multitude de vestiges et même de nombreuses belles toiles, acquises avec le concours du Musée des Beaux-Arts d’Alger.

 

A partir de là, dons et achats affluèrent. Ils servirent à orner les élégantes galeries du musée, inondées de lumière, grâce aux nombreuses fenêtres aux vitres s'étendant jusqu’au ras du sol. Les multiples collections ne cessaient de s’enrichir. La dynamique société archéologique, véritable cheville ouvrière, consentait fouilles et études, au profit du musée, dont elle était, en fait la marraine.

 

La seconde guerre mondiale verra le fermeture du musée, pour bientôt servir de locaux administratifs à l'État-Major des Alliés, après leur débarquement en Afrique du Nord en 1942.

 

Vint l’Indépendance : l’Algérie victorieuse renouera enfin avec elle-même sans exclusive, malgré le peu d’intérêt au développement de ces espaces privilégiés pour la mémoire des nations que sont les musées.

 

Les musée, peu à peu, perdront le rôle phare qui est leur, pour céder sous les coups de boutoir de la conjoncture, avec une timide reprise ces dernières années.

 

Au musée de Constantine, une toile d'Issiakhem porte le titre (inspiré, peut-être, par Kateb Yacine) de « L’histoire est reprise, reprenons-la ! », oui reprenons là, les musées nous y aideraient.

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 19:19

Il fait chaud, en ce mois d'août à Constantine, Adam s’ennuie et n’aime pas faire la sieste, il trouve toujours un prétexte pour ne pas dormir. Aujourd’hui, il a décidé de piéger sa grand-mère et pour échapper à la sieste, il tente de l’amener à lui raconter ses souvenirs.

 

Souvenirs où une époque révolue reprend alors vie, grâce aux récits imagés, mais néanmoins véridiques, de la vieille dame.

 

- « Dis, Djida (grand-mère) , comment était votre quotidien autrefois ? Comment se déroulait votre journée ? ».


Nullement dupe du stratagème du petit chenapan, la grand-mère s’y prêtait volontiers, tant elle était convaincue du fait que les petits hommes ont toujours besoin de savoir d’où ils viennent, pour mieux savoir où ils vont.

 

Elle commençait alors à égrener, par petites touches révélatrices, ses souvenirs … :


Nous nous réveillions le matin pour vite préparer le petit déjeuner.
Celui-ci était composé de café, de lait et de beignets frits, le tout préparé sur un feu de braises. Avant cela et s’il s’agissait de notre tour de nettoyer la cour intérieure, on descendait vite à cette cour centrale commune, pour la laver à grande eau en s’aidant, parfois, de cendres, qu’on utilisait comme poudre à récurer.


Il n’y avait pas alors de produits de nettoyage comme maintenant, que ce soit pour la lessive ou la vaisselle, on utilisait seulement le savon dit «de Marseille», qui est, en fait, d’origine arabe ou, plus tard, un produit sanitaire, commercialisé sous le nom de Cristo, à ne pas confondre avec la fameuse marque de Javel « Le Turco » des premières années de l’Indépendance.


Après le petit déjeuner, les hommes partis travailler, nous préparions la pâte de la galette et nous la laissions reposer pour nous occuper du ménage de notre intérieur, car tout devait être irréprochable, en ces temps là on ne plaisantait pas avec la propreté, la santé était un bien précieux et les maladies ne pardonnaient pas.

 

Le temps passait vite et il fallait déjà préparer à déjeuner.


Les repas, en hiver, étaient le plus souvent à base de « H’sou », sorte de soupe de semoule ou, au dîner, de «Naâma », couscous arrosé de sauce aux légumes ou de lait. En été, piments doux, oignons et tomates étaient incontournables.


En dehors des repas de cérémonies, l’ordinaire était, pour la majorité des Constantinois, « très ordinaire », mais peu parmi eux oubliaient de remercier Dieu pour ses bienfaits et chaque plat, aussi modeste soit-il, était béni par le Nom sacré.

 

Il n’y avait pas, non plus, d’eau fraîche à satiété.

 

En été, seule de la glace ramenée de la Glacière, qui existait alors au quartier de Saint-Jean, dans les sacs en jute des moulins Kaouki, servait à rafraîchir le désaltérant liquide, en l’absence de réfrigérateurs.


Mais les gens se contentaient de la relative fraîcheur d’une « choqala », pot en terre cuite ou de celle d’une « guerba », outre en peau de chèvre.


Après le déjeuner et après la prière du « doh’r », un petit somme était le bienvenu, mais ne devait jamais se prolonger, de peur d’approcher la période de la prière du « asser », où dormir n’était pas indiqué dans notre religion.


Au « asser », en fin d’après-midi, on préparait une collation faite de café turc et de « s’fenj », beignets ou de « makroud el maqla », petits gâteaux de semoule et de pâte de datte, frits à la poêle, le tout sur un brasero.


Cette collation était souvent l’occasion pour les femmes de prendre de leurs nouvelles respectives et de papoter un peu; un peu seulement, car la préparation du dîner ne pouvait attendre et sans jamais médire, car la médisance est un péché capital en Islam.


Après le dîner, dont parfois « qadid », viande conservée dans le sel , et « khliy » viande, quant à elle, conservée dans l’huile, amélioraient la teneur calorique durant les alors rudes hivers constantinois, arrivait la soirée , celle-ci courte ou longue , selon la saison.

 

L’après-dîner est souvent utilisé à certaines tâches domestiques périodiques, ainsi les longues soirées d’été sont, en particulier, consacrées au roulement du couscous, préparant ainsi « el aoulà » ( littéralement: « sur quoi on peut compter » ), sorte de réserve de nourriture des ménages, en des temps où « disette » pouvait, du jour au lendemain, constituer le dramatique quotidien d’une population.


La veillée était aussi le moment privilégié des enfants, qui les yeux brillants, la mine tantôt épanouie, tantôt inquiète, s’accrochaient aux beaux contes que relataient, toutes réjouies de ce rôle particulier, leurs grands-mères.


Adam, sans s’en apercevoir s’était endormi pour sa sieste, car quelques paroles porteuses de vie sont toujours plus efficaces que les pires menaces de « ghoula » (ogresse), pour arriver à amadouer ses enfants.

 

Puisse Dieu préserver tous les enfants et leur accorder une vie meilleure que la nôtre. Amen ! 

 

                                                                                      Ahmed BENZELIKHA.

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 19:05

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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 15:53

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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 20:28

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24 août 2010 2 24 /08 /août /2010 20:16

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23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 00:16

Nasreddine

En arrivant à la localité d' El-Diss, deux monts tourmentés vous font face et, pour celui qui connait le tableau de Dinet, on se surprend à chercher des yeux "La femme abandonnée", dans le paysage désolé mais grandiose.

Passé El-Diss, la route, vite, serpente, pénètre, enjambe un oued et l'oasis est là !
Palmiers et eaux, douceur du soir et grandeur de l'aube, la lumière est magnifique.
Les femmes sont belles et le ciel enfin rencontre la terre. Prières et amour, beauté et dénuement, érotisme et innocence se mêlent, dans le bref instant d'un doux secret murmuré. Celui d'un artiste singulier, Dinet, Nasreddine.

On ne se perd pas dans le désert, on se retrouve.
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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 23:56

Depuis l'apparition des Frères Barberousse, Aroudj et Kheiredinne, qui auront unifié les efforts de résistance des Algériens, face aux appétits européens, en particulier espagnols, au lendemain de la déportation vers le Maghreb des populations espagnoles de confession musulmane, la marine algérienne n'a eu de cesse, jusqu'à la veille de la colonisation, de prouver le haut degré de maitrise des techniques, non seulement de navigation et de stratégie maritime, mais aussi de fabrication et d'entretien des navires, des diverses chaines de logistique et de l'ensemble de l'environnement général propre à une activité maritime accrue.

 

Cette haute technicité, allié à une position géographique privilégiée et aux considérations géopolitiques et économiques de l'époque, fera que de larges pans de la société algérienne soient tournés vers la mer et que la marine algérienne soit la tête de pont de toute une nation, y compris dans ses aspirations et dans son imaginaire.

 

Cette histoire est encore à retrouver, au-delà des batailles, des confrontations, de l'historiographie européenne et des miniatures artistiques.Cette histoire dont la sédimentation a été avortée et l'approche sclérosée par l'avènement de négation historique et d'aliénation idéologique qu'a été le colonialisme, se doit d'être revisitée.

La marine algérienne dans l'histoire
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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 19:46

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 19:00

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